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Page:Agassiz - Études sur les glaciers, 1840.djvu/41

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ils sont loin d’avoir la régularité des vrais cristaux[1] et varient considérablement dans leur forme. À mesure que l’on s’élève vers la partie supérieure des glaciers, on voit ces fragmens diminuer insensiblement de volume et se réduire enfin à de simples granules ; la masse entière passe alors à l’état d’une neige grenue, que les habitans des Alpes françaises appellent névé et que l’on désigne en allemand sous le nom de firn.

Le névé est en quelque sorte une forme intermédiaire entre la glace et la neige, qui n’existe que dans les hautes régions ; les mers de glace en sont en grande partie composées, au moins à la surface, et on le retrouve également sur la plupart des hautes cimes de nos Alpes. Le glacier lui-même n’est, dans toute sa masse, qu’une transformation du névé, opérée à l’aide de l’eau, et voici de quelle manière : quoique la température moyenne des régions où règne le névé soit de beaucoup au-dessous de zéro, le soleil parvient cependant à en fondre annuellement une partie, pendant les mois chauds de l’été. L’eau qui résulte de cette fonte s’infiltre dans la masse, où, remplaçant l’air que le névé contient en abondance, elle se congèle pendant la nuit et transforme ainsi une partie du névé en une glace d’abord peu compacte, mais qui gagne de plus en plus en consistance et en épaisseur,

  1. Il est à regretter que M. Hugi ait adopté le nom de cristaux, pour désigner ces fragmens qu’il a d’ailleurs très-bien décrits.