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Page:Agassiz - Études sur les glaciers, 1840.djvu/67

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recouvertes par des débris de rochers sont au contraire parfaitement transparentes, au moins dans la partie inférieure des glaciers, et paraissent d’autant plus foncées qu’elles sont plus compactes. On dirait en plusieurs endroits un immense massif de verre sur un fond opaque.

Plus la glace est compacte et plus la couleur azurée des crevasses est intense et brillante : c’est ce qui fait que les crevasses de l’extrémité des glaciers l’emportent de beaucoup en magnificence sur celles de la partie supérieure. Lorsque les crevasses sont longitudinales à l’extrémité du glacier, on peut s’y introduire sans aucun danger. C’est ainsi que l’année dernière tous les voyageurs qui visitaient le glacier de Rosenlaui ne manquaient pas d’entrer dans une grande crevasse ouverte sur le flanc droit du glacier[1]. L’imagination ne saurait rien imaginer de plus riche que le bleu de ces parois.

À mesure que l’on remonte le glacier et que la glace diminue de compacité, les teintes perdent insensiblement de leur intensité, le bleu des crevasses devient moins foncé et plus mat ; quelquefois aussi il se transforme en un vert tendre d’une rare beauté : cette dernière couleur affecte de préférence les parois de ces

  1. Il paraît que cette crevasse se reproduit invariablement au même endroit. Je l’ai retrouvée cette année aussi belle que l’année dernière ; et l’on m’a assuré qu’elle avait à-peu-près la même forme, il y a plusieurs années.