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HISTOIRE

communication de ce gouvernement que le peuple implorait et bénissait déjà comme une providence visible. M. de Lamartine s’avança ; tous les yeux se tournèrent vers lui. Un silence profond succéda tout d’un coup au tumulte de la foule et au bruissement des armes. Il parla ainsi :

« Citoyens ! le gouvernement provisoire de la République vient prendre le peuple à témoin de sa reconnaissance pour ce magnifique concours national qui vient accepter les nouvelles institutions.

« Le gouvernement provisoire de la République n’a que d’heureuses choses à annoncer au peuple assemblé.

« La royauté est abolie.

« La République est proclamée.

« Le peuple exercera ses droits politiques.

« Des ateliers nationaux de travail sont ouverts pour les ouvriers sans salaire.

« L’armée se réorganise. La garde nationale s’unit indissolublement avec le peuple pour fonder promptement l’ordre, de la même main qui vient de conquérir la liberté.

« Enfin, messieurs, le gouvernement provisoire a voulu vous apporter lui-même le dernier décret qu’il vient de délibérer et de signer, dans cette séance mémorable l’abolition de la peine de mort en matière politique.

« C’est le plus beau décret, messieurs ; qui soit jamais sorti de la bouche d’un peuple le lendemain de sa victoire.

« C’est le caractère de la nation française qui échappe en un cri spontané de l’âme de son gouvernement. Nous vous l’apportons. Il n’y a pas de plus digne hommage au peuple que le spectacle de sa propre magnanimité. »

Une acclamation enthousiaste salua ces paroles et s’étendit, en se prolongeant, de la place de l’Hôtel de Ville aux quais et aux rues environnantes. Des cris passionnés de : Vive la République ! vive le gouvernement provisoire ! vive Lamartine ! s’élevèrent dans l’air et retentirent pendant