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HISTOIRE

posés sur toutes les pièces de l’hôtel où pouvaient se trouver des documents propres à éclairer la justice et que l’enquête suivrait son cours. L’ordre du jour du général Petit ne décèle pas moins que ne le faisait cette condescendance du gouvernement l’extrême faiblesse d’un pouvoir qui, à cette heure encore, n’avait pour faire respecter ses décrets d’autres armes que la persuasion, d’autre appui que l’adhésion des masses populaires. « Nous avons éprouvé un grand malheur, » dit le général Petit en s’adressant, le 25 mars, aux soldats invalides ; puis, il prend à tache de leur démontrer qu’il ne saurait jamais avoir conçu la pensée du détournement de fonds dont on l’a accusé. « Faisons donc cesser, continue-t-il, ces bruits mensongers rentrons dans l’ordre accoutumé, et soyez assurés que le gouvernement provisoire a constamment les yeux ouverts sur vous, ce qui sera prouvé, d’ailleurs, par les deux enquêtes qui vont avoir lieu. » Ces enquêtes, comme on pense, n’eurent et ne pouvaient avoir aucun résultat. Si j’ai insisté sur une affaire peu importante en apparence, c’est qu’elle montre d’une manière frappante les embarras que le gouvernement voyait chaque jour surgir. En détournant sur des incidents déplorables l’application qu’il devait tenir attachée aux grandes affaires ; ces misères entravaient une marche qu’il eût fallu si rapide et si sûre.

Selon le rapport du comité de défense nationale, l’état de l’armée, telle que la laissait le gouvernement de Louis-Philippe, ne permettait pas de songer à la guerre. L’effectif, dans tous les corps, était si faible que les régiments d’infanterie, en réunissant tous les hommes disponibles, arrivaient à peine à fournir deux bataillons de guerre de 500 hommes chacun. Dans la cavalerie, chaque régiment ne pouvait former que quatre escadrons de guerre, comptant ensemble 525 chevaux[1]. Les régiments d’artillerie, à

  1. Voir le rapport de M. Arago à l’Assemblée nationale, séance du 8 mai 1848.