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HISTOIRE

temps la presse ministérielle persiffla l’affaire de Strasbourg, affectant de ne l’appeler qu’une échauffourée, une misérable équipée, puis on cessa de s’en occuper et tout rentra dans l’oubli.

Une maladie de la reine Hortense, à laquelle elle succomba le 5 octobre 1837, rappela en Europe Louis Bonaparte. Trompant toutes les polices, il reparut soudain à Arenenberg. Peu de temps après, le lieutenant Laity, qui avait pris une part très-active dans l’affaire de Strasbourg, en publia, sous les yeux du prince, une relation qui fut distribuée à profusion parmi les troupes, particulièrement dans les garnisons de Lille et de Paris.

Le gouvernement de Louis-Philippe, de nouveau provoqué, fit saisir cette apologie du prince Louis-Napoléon, dans laquelle la légitimité de ses prétentions au trône était ouvertement proclamée. L’auteur, traduit devant la cour des pairs, fut condamné à cinq ans de détention. Dans le même temps, M. Molé, président du conseil, après plusieurs insinuations inutiles, faisait remettre, par M. de Montebello, à la diète helvétique, une note officielle, appuyée par l’Autriche et la Prusse, qui demandait que Louis-Napoléon fût expulsé du territoire suisse.

Le ton de la note blessa le gouvernement fédéral. Il résista aux sommations de M. Molé. Des hommes recommandables soutinrent le droit de Louis-Napoléon. Dans son Rapport au conseil représentatif (24 septembre 1838). le professeur de La Rive établit que Louis Bonaparte était légalement citoyen suisse depuis 1832 ; qu’on ne pouvait considérer comme un prétendant le fils obscur du troisième des frères de l’Empereur, le sénatus-consulte, qui le faisait entrer dans la ligne de succession étant, d’ailleurs, aboli par l’acte de déchéance. Enfin, le grand conseil, à l’unanimité, déclara la demande de la France inadmissible.

Aussitôt Louis-Philippe fait avancer des troupes sur la frontière. À leur tour, les États suisses mettent sur pied leur contingent. Voyant cela, Louis-Napoléon, qui pendant