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DE LA RÉVOLUTION DE 1848.

Cette conclusion du discours de M. Goudchaux, si contraire à son intention qui était de combattre ce qu’il avait appelé les exagérations de M. Pierre Leroux, augmente les terreurs de l’Assemblée. Elle ne s’attache pas à ce qu’il propose en faveur des ouvriers, elle ne retient qu’une chose, c’est qu’il faut dissoudre immédiatement, aujourd’hui même, les ateliers nationaux. En vain M. Trélat vient demander un peu de temps, promettant d’apporter dans quinze jours un ensemble de projets de colonisation, de défrichements, qui occuperont les ouvriers sur tout le territoire. On veut en finir. La presse royaliste continue de représenter les ateliers nationaux comme un réceptacle de monstruosités, où vingt mille forçats et quatre-vingt mille ouvriers, comparables à tout ce que les bagnes vomissent de plus abject, attendent en frémissant le signal du meurtre, de l’incendie, du pillage. Il faut en finir : jamais les mauvaises passions qu’enfantent les guerres civiles ne trouvèrent dans la peur publique une aussi déplorable crédulité pour de plus tristes mensonges.

Pendant que l’on parlait ainsi des ateliers nationaux, ils envoyaient incessamment au ministère des travaux publics des députations qui apportaient les propositions les plus justes et les plus raisonnables.

Les ouvriers demandent que l’entrepreneur ne pèse plus sur eux comme par le passé ; qu’on les aide à s’associer ; qu’on leur fasse une part légitime dans les bénéfices. Ils ne refusent pas de rentrer dans les ateliers privés, pourvu qu’on les y protége contre la puissance sans contrôle du patron.

Voici en quels termes ils répondaient, le 18 juin, par une affiche, posée sur tous les murs de Paris, au discours de M. Goudchaux :

LES TRAVAILLEURS DES ATELIERS NATIONAUX
au citoyen goudchaux.

« Ce n’est pas notre volonté qui manque au travail ; c’est