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DE LA RÉVOLUTION DE 1848.

lassés, craintifs, non devant le danger, mais devant leur propre conscience ; peu d’accord entre eux, ne sachant ni ce qu’ils devaient vouloir, ni ce qu’ils pouvaient oser, ni surtout ce que, dans un temps où tout était ébranlé, confus, contradictoire, les passions et les intérêts de la France commandaient davantage, ou bien l’application hardie des idées nouvelles, ou bien le raffermissement des institutions anciennes.

Le pouvoir, que nous allons voir passer en d’autres mains et prendre successivement des formes diverses, nous montrera, par son impossibilité à rien fonder, qu’en faisant peser, comme on l’a fait, sur le gouvernement provisoire d’abord, puis sur la commission exécutive et sur l’Assemblée constituante, la responsabilité entière et pour ainsi dire personnelle d’un état social sur lequel ils avaient si peu de prises, on a méconnu l’essence même et le caractère d’une révolution, la plus vaste, la plus compliquée surtout et la plus inconnue à elle-même, qui ait jamais agité le monde.