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HISTOIRE

rée, grossit et déborde sous l’action des partis. Les hommes d’État des anciennes dynasties se croyant près de ressaisir le pouvoir poussent au renversement des institutions républicaines. De la réaction contre la révolution sociale la bourgeoisie se laisse emporter jusqu’à la réaction contre la révolution politique. Les républicains modérés sont écartés, après qu’ils ont servi à mettre hors de cause les socialistes et les radicaux. Tout recule, tout se précipite en arrière ; la société semble disposée à rentrer dans les formes qu’elle vient de détruire, quand un nom surgit tout à coup, dont la fascination attire et arrête à soi les courants les plus opposés de l’opinion, et, s’imposant avec une puissance inouïe à la révolution chancelante, lui annonce et promet de lui donner une forme, une impulsion, une existence nouvelle.

Le moment n’est pas venu encore d’écrire l’histoire circonstanciée de cette nouvelle phase du mouvement démocratique qui commence à l’élection de Louis-Napoléon Bonaparte à la présidence de la République ; moins qu’à tout autre, d’ailleurs, il m’appartiendrait de le tenter.

Profondément convaincue de l’excellence des institutions libres et certaine que la démocratie, le jour où elle aura une parfaite conscience d’elle-même, de ses principes, de ses besoins moraux et matériels, ne leur trouvera pas d’expression supérieure et rentrera dans les conditions rationnelles du progrès, j’expliquerais mal certaines crises de son développement, inévitables peut-être, mais bien douloureuses, puisqu’elles semblent exclure la liberté. Je me bornerai donc ici, afin d’éclairer encore de quelque reflet l’histoire qu’on vient de lire, à rapporter succinctement les principaux actes politiques du général Cavaignac et la fin rapide d’un gouvernement qui emporta dans sa chute le dernier simulacre de pouvoir resté encore à la bourgeoisie républicaine.

Certes, ce n’est point une exagération de dire que, après l’insurrection de juin, la société tout entière, qui demeurait,