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Page:Aicard - L’Illustre Maurin, 1908.djvu/163

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L’ILLUSTRE MAURIN

Elle rompit le charme. Une opposition surgit aussitôt.

— Qu’est-ce qu’il veut, celui-là ? Qui l’envoie ? Té, il a des manchettes !… Ce qu’il a dit, qu’il le prouve !

Les candidats étaient inquiets, sauf Vérignon. Leurs amis s’agitaient.

M. Rinal de nouveau se leva :

— J’entends dire que je me mettrai sur les rangs. Non, mes amis. Je suis trop vieux pour ça, je n’ai plus ni la force ni le courage nécessaires. Et puis, je suis de ceux qui trouvent que les mœurs politiques de nos jours sont honteuses. Un candidat est un homme qui se dévoue aux plus basses calomnies des adversaires et même aux injures de ses partisans. J’admire le courage de vos candidats : je ne l’ai pas.

« Un dernier mot : en général, vous reconnaîtrez un candidat à ceci : il vous promettra le bonheur. Je ne vous ai rien promis de pareil. »

Un mouvement d’aise se produisit. On fut si content, que la gravité des reproches contenus dans le discours de M. Rinal passa inaperçue. On applaudit encore et longtemps.

— N’oublions pas que le citoyen Marlusse a la parole, dit le président Maurin.

Marlusse était toujours campé à la tribune ; il avait l’air de sa propre statue :

— Tel que vous me voyez, commença-t-il gravement, je suis pour la candidature unique, pourquoi (parce que) du premier coup, avec la candidature unique, vous tomberez votre adversaire et vous gagnerez du temps. Je vais plus loin : votre adversaire ne compte que sur la candidature multiple. Ce ne serait que grâce