L’autre hurla :
— Tu m’as dit de mendiant, toi le premier.
— C’est pas vrai.
— Tu en as menti.
— Je ne sais pas qui me retient de t’arracher les tripes, bourreau ! tout à l’heure je te mande par terre sur tes échines, et je te monte sur le ventre, mauvaise mine, et alors tu verras !
— Toi, tu me monterais sur le ventre ?
— Ô ! moi, moi, ô !
— Eh bé, monte-z-y !… que je veux le voir !
— Ne dis plus rien… ou c’est ta mort !
Et se tournant vers les spectateurs en désignant son adversaire :
— Un fifi ! que si je le prends comme ça…
Et il faisait le simulacre de tenir très haut en l’air une menue pincée de tabac… ou les ailes d’un papillon.
— Si je le prends comme ça et que je souffle dessus, pechère ! il n’en reste rien !
— Eh bé, prends-moi comme ça ! Essaie !
De nouveau ils se regardèrent nez à nez, d’un air féroce.
— Voici les gendarmes !… Eh ! gendarmes !
Les gendarmes, enfin délivrés, s’approchaient en criant :
— Allons, voyons, séparez-vous ! qu’est-ce qu’il y a donc ?
— Ça vous aregarde, vous ? c’est pour politique… nous sommes libres de nous disputer, peut-être, si ça nous fait plaisir… Nous sommes un peuple libre !
Brusquement un des pseudo-combattants lâcha pied, fit trois pas en arrière, regarda autour de lui, se baissa,