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Page:Aicard - L’Illustre Maurin, 1908.djvu/186

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L’ILLUSTRE MAURIN

Le bruit de ces prouesses se répandait rapidement de rue en rue, si bien que tout le village finit par s’assembler autour du glorieux Marlusse, avec des ah ! et des oh ! admiratifs si retentissants que Maurin envoya Pastouré voir un peu « s’il y avait la révolution ».

Dès qu’il aperçut Pastouré, Marlusse se mit tout debout sur son char :

— Pastouré ! à moi ! cria-t-il.

Pastouré s’avança.

— C’est toi que je cherche, toi et Maurin, lui dit alors Marlusse d’un air de mystère. Va l’appeler, qu’il vienne ! Je vous emmènerai sur ma voiture, et vous verrez !

— Et où nous emmèneras-tu ?

— Vous verrez, mais faites vite si vous voulez me sauver la vie, ni plusse ni moinsse !

— Allons, dit Pastouré, je te connais : tu vas encore nous faire quelque galégeade.

— Pastouré, dit Marlusse sérieux comme un notaire, aregarde-moi. Est-ce que je ne suis pas un peu blanc ou un peu vert ? Je te dis qu’en venant vite, vous me sauverez la vie et l’honneur. Ça n’est pas une bagatelle ! Figure-toi qu’on m’appelle en duel, et j’y vais de ce pas. Il me fallait deux témoins. Je n’ai pensé qu’à Maurin et à toi. Et j’étais bien sûr qu’en faisant un rhamadan pareil avec mon fouet dans la rue, je finirais par vous faire sortir de votre cachette. Je sais que je peux compter sur Maurin. Zou ! amène-le-moi. Fais vite, je vous conterai le reste en route. Zou ! qu’il faut que j’arrive à l’heure. Et vous occupez de rien : z’ai mes armes.

Marlusse parlait sérieusement. Pastouré le comprit, et il courut chercher Maurin tandis que, mettant sa bête