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Page:Aicard - L’Illustre Maurin, 1908.djvu/209

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L’ILLUSTRE MAURIN

heureux qu’on l’en dispensât, s’écrasa de nouveau dans la poussière.

À mesure que Maurin marchait vers la bête enragée, elle relevait la tête vers lui, oubliant le bois rongé pour s’irriter contre l’homme.

Maurin prit son bâton de sorbier par le petit bout ; l’autre était taillé en boule et tout noueux. Lentement, prudemment, l’homme marchait sur l’ennemi.

— Mauvaise rencontre ! murmurait-il. J’aimerais mieux avoir mon fusil !

Le chien décidément quitta la pomme de pin qu’il avait broyée et se mit à marcher directement sur l’homme. Ses babines soulevées montraient ses crocs puissants et baveux. L’œil, atone mais sanglant, était effroyable : la tête était baissée et le regard relevé.

Maurin, son bras barrant sa poitrine, tenait dans sa droite, qui venait toucher son coude gauche, son bâton presque horizontal.

Quand le chien fut à six pas de lui, l’homme, de sa main gauche, saisit brusquement son chapeau qu’il lança sous le nez de son horrible adversaire. Le chien s’en saisit furieusement. Maurin bondissant s’était courbé, son bâton faucha l’air et brisa les deux pattes de devant… l’animal se mit à hurler. Alors le bâton, devenu massue, lui broya le crâne.

— Ouf ! fit le chasseur…

Cette besogne achevée, la peur le prit ; il se recula vivement, courut à Hercule, le saisit par le collier et, se sentant les jambes émues, il s’assit au bord de la route sur une borne.

— Mon pauvre Hercule ! dit-il, tu l’as échappée belle !