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Page:Aicard - L’Illustre Maurin, 1908.djvu/229

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L’ILLUSTRE MAURIN

— Les sottes bêtes ! disait-il tout haut. Comme de juste, il y en a plus au village que dans les bois.

La caisse terminée, on la mit sur le véhicule à côté du mort, puis on y coucha le mort, et on la cloua. Pastouré aida, pour que cela fût fini plus vite et mieux.

Alors, assis sur son brancard, il remit en marche son attelage, suivi d’une foule toujours grossie, curieuse mais sympathique, car lui, Parlo-Soulet, était connu de tous.

— Sans reproche, vous êtes beaucoup nombreux, mes braves gens, dit-il, mais pardon, excuse ! ceux que j’aurais voulu voir c’est Firmin, mon fils, et aussi mon brave Maurin, car j’ai pensé à les faire avertir. Qu’un des petits qui sont là aille voir s’ils arrivent et leur dise que nous sommes au cimetière, mon frère et moi.

Au cimetière, le fossoyeur, prévenu par le maire, avait commencé à creuser une fosse.

— Voilà le trou pour ton frère, Pastouré.

— Mon trou à moi, je me le ferai, et personne autre ! Ainsi l’a commandé mon frère. Zou ! écartez-vous, braves gens !

Il avait pris soin d’apporter aussi une pelle. Il fit le trou.

Tout le village était maintenant rassemblé là, venu pour le voir faire.

Et dans la fosse Parlo-Soulet parlait de temps en temps, non pas aux gens mais à lui-même, car dans la fosse il était seul :

— Que de vers, mes amis ! et que de germes ! Bonne terre ! et qui doit nous consumer vite ! Si toute la terre était partout comme ça dans le monde entier, oui, qu’on aurait moins de peine à la récaver et à la faire