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Page:Aicard - L’Illustre Maurin, 1908.djvu/250

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L’ILLUSTRE MAURIN

— Viens-y avec ton père, à la bravade, et tu me verras d’une fenêtre.

— Sûr que j’y viendrai !… C’est donc beau, cette fête ?

— C’est, dit Maurin convaincu, la plus belle fête de tout notre pays des Maures, vu qu’on y brûle cinq cents kilos de poudre.

— Que de bruit ça doit faire !

— C’est bien pour faire du bruit, selon l’usage.

— Et pourquoi faire tout ce tapage ?

— Pour faire honneur au souvenir de nos ancêtres, expliqua énergiquement Maurin, pourquoi ils furent attaqués, je te dis, voilà des cent ans, par vingt et une galères d’Espagne ! et ils les forcèrent à retourner dans leur pays… Et, tu sais, ce jour-là, je suis à cheval !

— Tu as un cheval, Maurin ?

— On élève ici une race. Tout petit j’étais cavalier ; je monte comme les bergers de chevaux. Les gens du pays me connaissent pour ça ; on me prête un cheval pour lui faire avoir l’honneur d’être de la bravade.

— Tes ancêtres ont donc poursuivi à cheval ces galères d’Espagne ?

Cette question décontenança Maurin :

— Je n’avais jamais pensé à ça, fit-il. Dans un combat sur la mer, il n’y a pas de cavaliers, naturellement ! mais les cavaliers attendaient, je pense, le débarquement de ces Espagnols… J’interrogerai là-dessus M. Rinal.

— Voilà tes boutons recousus. Essaie l’habit, pour voir.

Il s’habilla devant elle qui à pleine gorge riait.

C’était bien un mousquetaire ! Il avait des bottes, des culottes, un pourpoint, des manchettes, une rapière et un chapeau à plumes.