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Page:Aicard - L’Illustre Maurin, 1908.djvu/273

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L’ILLUSTRE MAURIN

littéralement les colères… Et les pistons, les bugles, les trombones, les saxophones entrèrent en danse ! On vit s’élever et s’abaisser, comme autant de tomahawks, les hautbois, les ophicléides et les trompes de chasse… Ce fut un hourvari indescriptible. Massues d’abord, puis boucliers aussitôt, les instruments de cuivre se bossuaient les uns les autres ; quelques-uns échappaient aux mains des combattants qui, pour les ravoir, se précipitaient les mains tendues vers le sol, et aussitôt, bousculés, roulaient à terre, à demi écrasés. Les mousquetaires à cheval, non plus que les gendarmes, n’osaient s’élancer dans cette cohue, de peur de blesser les musiciens irrités ou les élèves de Lougeon qui, montés sur les chivàous frux et empêchés dans leurs étoffes flottantes, enfouis dans leur cartonnage, cherchaient vainement à se sauver, et dont quelques-uns tombaient en hurlant, les quatre fers en l’air !

À sa fenêtre, Tonia révélait avec allégresse sa nature violente : « Mon Dieu ! qu’ils sont drôles ! » s’écriait-elle en battant des mains. Et elle riait aux éclats, heureuse de voir si belle bataille.

À ce moment le dragon Pastouré aperçut le gendarme Alessandri qui, bien droit en selle sur un gigantesque cheval, manœuvrait de façon à placer Maurin entre deux groupes de gendarmes.

— Gueïro, Maourin ! guette, Maurin ! Attention !

— Laisse-z-y faire ! dit Maurin. J’ai l’œil où il faut !

Sandri arrivait sur lui, mais Maurin, au moment où l’un des musiciens combattants élevait très haut sa trompe de chasse dans l’évidente intention de la laisser retomber sur le crâne d’un ennemi, s’empara de cet instrument, l’emboucha aussitôt et, toujours calme sur