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L’ILLUSTRE MAURIN

ceaux et près de laquelle, sous un petit toit de branches, Saulnier abritait son âne et le foin qu’il lui destinait. Près du puits, qui était tout proche, étaient attachés, à deux troncs de pins, les chevaux de Maurin et de Pastouré.

— Ils sont bien là, au bon air, dit Saulnier.

Il mena ses amis dans les romarins, de droite et de gauche, dans les bruyères, dans les cystes, dans les pinèdes et à travers les clapiers.

Le renard, tout à coup, quitta les talons de son maître et se glissa sous les broussailles. Saulnier, escorté de ses amis, continua sa promenade. Le renard reparaissant, redisparaissant, croisait devant eux.

— Ça va bien ! dit le cantonnier. Venez.

Arrivé près d’un clapier, il se baissa, leur montra du doigt un trou béant parmi les grosses pierres ; il en prit une et il se trouva qu’elle s’adaptait fort exactement au trou qu’elle boucha comme si on l’eût préparée exprès.

Il visita de même trois ou quatre clapiers, et chaque fois boucha un trou avec une pierre qui était juste « de mesure ».

Enfin, devant le dernier trou, il prononça un mot bizarre sur un ton de fausset : la belette jaillit hors de sa chemise. Il la prit, la déposa devant le trou où elle entra sans se faire prier, et qu’il ferma ensuite comme il avait fait pour les autres. Il siffla son renard qui accourut ; il lui présenta deux petits œufs.

— Des œufs d’agace, dit-il. Je détruis des nids, je touche la prime, et je garde les œufs qui me servent pour apprendre à mon renard toutes sortes de tours, car afin d’en avoir, il fait l’arbre droit, à mon commandement. Voyez !