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Page:Aicard - L’Illustre Maurin, 1908.djvu/37

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L’ILLUSTRE MAURIN

— Mais, dit Maurin, ta fortune ne m’inspire pas beaucoup de pitié. Quel intérêt avons-nous, nous autres pauvres honnêtes gens, à te rendre un pareil service ? En quoi ça servira-t-il la justice, seulement un tout petit peu ?

— Vous y avez le même intérêt qu’autrefois, répliqua Caboufigue ingénument, car si on me mêle publiquement à tout cela, je me présenterai à la députation, malgré l’engagement que j’ai pris avec toi, et, dussé-je y dépenser la moitié de ma fortune, j’arriverai contre tous.

— Oh ! oh ! dit Maurin, voilà donc un cochon qui fait tête aux chiens, tout comme un sanglier… Mais sans parler de l’engagement que tu as pris envers nous de ne pas te présenter, es-tu bien sûr que, compromis comme tu l’es, tu ne t’achèverais pas en te livrant au jugement des électeurs ? Ils pourraient bien, s’ils ne t’envoient pas à la Chambre, t’envoyer aux galères, l’ami !

— Je ne serai jamais assez compromis pour ça. Je n’ai pas fait de choses très coupables, je te le jure, dit Caboufigue. J’ai fait comme tout le monde, de petites saletés… mais je n’ai rien de si grave contre moi que j’aie tant à craindre. C’est à ma croix surtout que je tiens.

— Et tu t’imagines bonnement, dit Maurin, que dans l’état où te voilà, on te nommerait député, même si tu versais de l’or comme d’une corbeille ? Et pour quoi comptes-tu l’opposition que moi je te ferai, d’abord ?

— Tu me feras une opposition loyale, dit piteusement Caboufigue, je te connais : tu es un brave homme au fond.

— Je vois ton affaire, dit Maurin, tu es de ceux qui