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Page:Aicard - L’Illustre Maurin, 1908.djvu/416

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L’ILLUSTRE MAURIN

La trouée creusée par Maurin n’était pas si bien refermée derrière lui, qu’ils ne pussent faire quelques pas, mais la plupart des branches étaient revenues d’elles-mêmes à leur position primitive et les deux ennemis du chasseur se démenaient dans un véritable filet à mailles dures et armées de pointes, qui leur griffaient cruellement les mains et le visage… Ensanglantés et empêtrés, ils tentèrent héroïquement d’avancer quelque temps encore, mais les ronces les harponnaient, à tout moment, les retenaient quelques minutes à chaque pas, déchirant le bon drap solide de leurs tuniques. Le bruit de sanglier en fuite que faisait Maurin en ramant le maquis, bientôt se perdit au loin. Ils avaient tourné sur eux-mêmes ; plusieurs fois… ils furent désorientés.

De quel côté marcher maintenant ? Tel qui ne tremblerait pas devant une troupe armée jusqu’aux dents, s’émeut en présence d’un péril inconnu — non pas même d’un péril, mais devant l’étrange.

— Ah ! pour le coup ! nous voilà bien ! dit Sandri.

— Nous n’avons pas fait vingt pas ! dit l’autre.

— Mais de quel côté passer à présent ?

— Suivons nos traces, c’est par ici.

— Non, par là.

— C’est extraordinaire !

— Quel sacré bandit !

— Et il fait chaud !

— Le feu tombe d’un crible, ici dedans !

— Regarde-moi ces broussailles : on dirait des allumettes.

— Il n’est pas surprenant que les Maures flambent si souvent !

— À quoi servent les forestiers ?