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Page:Aicard - L’Illustre Maurin, 1908.djvu/438

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L’ILLUSTRE MAURIN

qu’ils avaient calées solidement, ils étaient là si bien que Maurin ne tarda pas à sommeiller.

Pastouré, se voyant comme seul, se mit alors à parler abondamment.

Maurin, entr’ouvrant un œil, une oreille, le regarda et l’écouta dans un demi-songe :

— On dit, grommelait Parlo-Soulet, que la Vérité, comme nous à cette heure, habite au fond d’un puits. Seulement elle est toute nue. L’été, ça doit lui aller, à la Vérité, d’être à l’humide. Mais si, pour l’empêcher de sortir, elle a, tout autour d’elle, autant de raisons que nous autres, autant de raisons dans les choses et dans les gens, autant de soldats, de préfets, de maires et de gendarmes pour ennemis, alors — noum dé pas Dĭous — je lui conseille, à la Vérité, de rester où elle est, car dehors on l’étoufferait, tandis qu’au moins dans sa cachette, elle boit, elle se nourrit, elle vit, elle espere… Je vous demande un peu ! ils disent que c’est Maurin qui a mis le feu !… C’est comme si on disait que c’est moi ! Le feu aux Maures, Maurin ? le feu à sa chasse, le chasseur ! Faire rôtir — pour qui ? pour personne, — tant de perdreaux, pechère ! et de lapins, de lièvres, et de sangliers, comme il s’en est brûlé depuis quatre jours ? Il faudrait être le dernier des imbéciles… Noum dé pas Diou ! voilà que j’ai froid maintenant… La chaleur m’est sortie du corps en fumée et je me refroidis comme une gargoulette… Pardi ! nous attrapons ici le chaud et froid le mieux préparé qui soit, comme fait exprès !… Si nous allions mettre là-haut nos habits sur un gril, à sécher ? Il y a du feu assez pour ça, que je pense, et du soleil aussi !…

— Que dis-tu, Parlo-Soulet ? murmura Maurin assoupi.