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Page:Aicard - L’Illustre Maurin, 1908.djvu/502

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L’ILLUSTRE MAURIN

— Maintenant, voyez-vous, monsieur Rinal, je ne suis plus bon qu’à faire un mort.

Le vieil idéologue, le jacobin en manchettes, l’athée bête-à-bon-Dieu, espérait quand même une réaction, et il résolut de la provoquer.

— Maurin, dit-il, nous allons nous y mettre tous, et nous obtiendrons pour vous… bien des choses.

Maurin secoua la tête.

— Je suis condamné, dit-il, pour avoir volé soi-disant le chien d’un imbécile… Alors, on croira tout de moi parce que j’ai une petite condamnation sur le dos.

— Et la loi Bérenger, Maurin ? Cette condamnation-là ne compte pas, grâce à la loi Bérenger.

— Ce Béranger, dit Maurin, c’est un bien bon homme et qui a fait de bien jolies chansons ! Mon grand-père les chantait.

— Écoutez-moi, Maurin… Dans un mois aura lieu l’élection du nouveau président de la République, nous préparerons un dossier en votre faveur, M. Cabissol et moi. Vérignon le présentera au nouveau président, et on s’arrangera pour que tous vos délits, — qui sont tout à votre honneur — soient effacés par l’amnistie. C’est fameux, ça, hein ?

— Ça serait fameux, oui, mais, si ça vient, ça viendra un peu tard, dit Maurin…

— Et puis, vous ne savez pas ? Cigalous a demandé pour vous une médaille de sauvetage, nous l’aurons !

— Tout ça !… dit Maurin avec un geste vague.

Il s’interrompit, craignant d’affliger son vieil ami, pour dire :

— C’est égal, vous êtes bien bon… Tout ça, il faudra le dire à mon fils, quand il sera grand,