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Page:Aicard - L’Illustre Maurin, 1908.djvu/64

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L’ILLUSTRE MAURIN

des fois, de redevenir plus Provençaux que Français et de rire sans eux ! Il y a temps pour tout, que diable ! et quand l’émotion s’en mêle nous cessons de badiner. C’est ce qu’il faudrait comprendre un peu à l’avance…

« Voulez-vous comprendre tout à fait ? Regardez Terrassebœuf que voici. Il a un nom qui fait rire, il rit quand on veut, il est bon avec un air féroce ; il passe pour un révolutionnaire rouge, toujours prêt à faire feu des quatre pieds ; il vend le plus souvent qu’il peut les revolvers effrayants pendus à sa ceinture… Eh bien, monsieur, ne vous y fiez pas : il n’est ni ridicule ni terrible… et il sera volontiers l’un ou l’autre à l’occasion. Est-ce clair ?

« Notre ami Terrassebœuf n’a d’ailleurs pas inventé sa manière de vendre des armes Nous avons tous connu, en 71, un fédéré qui s’était fait nommer commissaire spécial à la gare de Marseille : il portait aussi à sa ceinture des armes jamais chargées et qu’il vendait le plus cher possible, car il avait à nourrir beaucoup d’enfants. Un lieutenant, qui avait reçu l’ordre de déloger les communeux de la gare, le fit empoigner par ses hommes et pousser contre un mur. Le pauvre bougre n’était pas plus communard que vous et moi. Mais il était républicain et n’avait cherché qu’à nourrir sa famille.

« — Allons, mettez-vous là ! au mur, donc !

« — Au mur ? Pourquoi ?

« — Vous faites le malin ?… Au mur ! fusillé !

« — Ah çà ! voyons, vous galégez, qué ?

« — Au mur !

« — Oh ! oh ! c’est donc sérieux ? » dit « Marius » qui devint pâle…

« Voyez-vous, monsieur Labarterie, nous autres