— Comment y voient-ils, là dedans ? dit à voix basse Alessandri.
— Ils n’ont pas besoin d’y voir, dit un des deux gendarmes de Bormes.
Les gendarmes, un peu égayés par l’idée de ce qui allait se passer, marchaient à la file, dans les pas l’un de l’autre, en faisant le moins de bruit possible, — et ils en faisaient beaucoup trop à leur gré.
Les cailloux roulaient sous leurs pieds avec des sonorités retentissantes dans le grand silence des bois immobiles.
Ils s’arrêtèrent, s’essuyant le front.
— Bah ! fit Alessandri d’une voix sourde, ils ne peuvent échapper. Ils y sont, pour sûr… oui, oui, la bête est au terrier. Ce Maurin, je le tiens à l’œil… vous saurez bientôt pourquoi. Et nous verrons bien ! Ouvre l’oreille, Lecorps, et retenons tout ce qu’il dira.
Ils frappèrent brusquement à la porte.
— Qui va là ? fit d’un ton jovial la voix de Maurin.
Depuis un moment il les entendait venir, les gendarmes, avec son ouïe de fin chasseur.
Pauvre Alessandri ! Ce n’est pas Maurin, c’est lui qui était trahi par le cantonnier au renard et par le matelassier son compère ! Ils n’auraient pas vendu un Maurin, ces deux vagabonds des routes et des bois. Et le piège tendu contre lui, Maurin l’avait retourné pour y prendre Alessandri.
Il avait sans peine obtenu de Margaride qu’elle vînt là, pauvre innocente perdrix, amoureuse du chasseur.
— Margaride ma fille, dit Maurin à voix basse, ne t’effraie pas ; nous allons rire un peu. Tu m’as bien dit, plusieurs fois, n’est-ce pas, que ça te serait égal si ton