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Page:Aicard - Maurin des Maures, 1908.djvu/242

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MAURIN DES MAURES

le coupable, Dieu seul ! Pastouré alors montra au ciel c’est-à-dire à Dieu en personne, son poing fermé qui était formidable.

Et sur le vaste azur, nuageux par places, Pastouré vit ce poing, son propre poing, et à le voir il conçut de sa force une conscience nouvelle.

Il était de taille, ce poing, à lui faire rendre justice en toute occasion ! Non, non ! il ne craignait rien, lui, Pastouré, avec ce poing-là ! rien, ni diable ni Dieu !

L’invisible puissance qui réside dans le ciel et occupe ses loisirs à détourner les foudres humaines du râble des lapins apparut alors aux yeux de Pastouré. Il crut la voir ricaner là-haut entre deux blanches nuées. Et il répéta, toujours plus menaçant :

— Ô voleur dé Diou ! De m’avoir fait manquer ce coup-là, mendiant dé Diou ! brigand dé Diou !

Ces injures proférés par sa bouche, Pastouré les entendait avec ses oreilles : la vue de son poing toujours tendu vers le zénith l’excitait toujours davantage. Et tous ces signes sensibles de sa colère lui rendaient de plus en plus irritant le silence de la puissance hostile qui ne daignait même pas lui répondre !

Elle continuait à se moquer de lui.

Ça ne pouvait pas se passer comme ça… Le vertige de l’indignation l’emporta… Pastouré, arrivé au paroxysme de la rage, bondit subitement sur un pin qu’il escalada, prompt comme un écureuil, avec l’audace d’un Titan à l’assaut de l’Olympe, et, du haut de son arbre, son fusil au poing, Pastouré le silencieux, l’inimitable Parlo-Soulet, cria vers Dieu :

— Il me reste un coup, brigand ! Descends un peu si tu l’oses ! que, tu le vois, j’ai fait la moitié du chemin !