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Page:Aicard - Maurin des Maures, 1908.djvu/274

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MAURIN DES MAURES

Césariot était le fils aîné de Maurin, celui dont il en parlait guère, et pour cause.

— Ah ! tu as vu Césariot ?

— Oui. Il revenait de Toulon. Il est allé dans la mauvaise ville dépenser son argent de six mois. Et maintenant, il est retourné à Saint-Tropez en gagner encore qu’il dépensera de même. Mais cela ne serait rien, s’il n’avait pas d’autres intentions, qui ne sont guère bonnes ! Je ne sais qui lui monte la tête. Si les gens connaissaient ce qu’il est pour toi, c’est-à-dire ton fils, on y regarderait à deux fois, je pense, avant de s’exposer à ta colère. On le bourre d’idées mauvaises et comme il aime l’aïguarden, cela lui fait une mauvaise tête.

— Et qui donc, répliqua Maurin en fronçant le sourcil, le bourre d’idées comme ça ?

— Des gens qui lui donnent à lire toutes sortes d’histoires. C’est surtout la liture (lecture) qui le perd. Il m’a conté qu’il a chez lui des papiers où l’on voit des enfants de rien perdus ou volés, qui retrouvent leur père prince et qui deviennent des rois après avoir été des mendiants, et il dit qu’il lui en arrivera autant, ou bien que, s’il ne devient pas roi, il fera sauter des rois avec des machines infernales. Il dit que, sur la terre, il faut être ou empereur pour le moins ou voleur comme plusieurs de ses amis.

— Oh ! dit Maurin, je les lui ferai passer de la tête, moi, ses idées de féna (mauvais sujet), et s’il veut un père, eh bien ! je lui en donnerai un, moi, de père, et qui me ressemblera comme deux gouttes d’eau. Ah ! il veut le connaître, son père ! Eh bien, je lui ferai faire sa connaissance !