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Page:Aicard - Maurin des Maures, 1908.djvu/320

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MAURIN DES MAURES

Il était maintenant en présence de plus de cent cinquante ennemis, et les plus petits n’étaient pas les moindres.

— Allons, fit-il d’un air bonhomme, je n’ai pas voulu vous faire peine ! Ce que j’ai dit peut se dire partout. Laissez-moi passer.

Les foules sont lâches. On prit pour un accent de crainte le ton conciliant de Maurin.

— Zou ! à lui ! en avant les pierres ! cria un gamin de quatorze ans. Ôtez-vous de là, les femmes !… qu’il a insurté la patrie !

Maurin s’élança, saisit le jeune tribun par un bras et lui tirant les oreilles :

— Je te les allongerai si bien que pas un âne de Gonfaron ne les aura si longues. Tu les auras si longues qu’elles seront comme des ailes, et Gonfaron, alors, verra un âne voler !

Ces paroles furent le signal d’une attaque générale contre le récidiviste. Sans souci d’atteindre ou non celui qu’ils défendaient, les petits Gonfaronnais se mirent à lancer des pierres à la tête de Maurin, lequel se voyant mal comme on dit, embarrassé de son fusil et de son carnier, prit le parti de s’adosser au mur de l’église, pour n’avoir d’ennemis qu’en face ; et soulevant son jeune adversaire gigotant et qui essayait de mordre, il s’en fit un bouclier.

Hercule, paisible jusque-là, comprenant que l’affaire devenait sérieuse, chargea la cohorte endiablée. Et Maurin, posant à terre son prisonnier sans lui lâcher le bras, courut sus à la bande des lapideurs, tout en traînant derrière lui le grand gamin qui faisait résistance mais n’osait plus faire le méchant, occupé qu’il était à se