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Page:Aicard - Maurin des Maures, 1908.djvu/358

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MAURIN DES MAURES

quelqu’un, Maurin ! Nous en parlerons au préfet, mais je crains bien que votre recommandation ne suffise pas.

— Vous croyez ? dit Maurin. Quand est-ce que ça se donne, les croix ? Il y a une saison, on m’a conté, où ça pousse comme la sorbe au sorbier.

— Mais, confirma Cabissol, nous voici en janvier. Les journaux annoncent les promotions pour cette fin de mois. C’est juste le temps de cette récolte.

— Voulez-vous, demanda Maurin, me faire un mot de billette pour une dame ?

— À vos ordres. Et pour qui, maître Maurin ? Et que faut-il dire ? Dictez.

M. Cabissol appela l’aubergiste Blanc, qui, sur sa demande, apporta plume et encre, et Maurin dicta le sens d’une billette dont M. Cabissol rédigea les phrases à son idée. La lettre suivante fut le résultat de cette collaboration :

À madame***… en son hôtel, Champs-Élysées. N°… à Paris.
« Madame,

« Dans la très haute situation que vous occupez aujourd’hui, peut-être voudrez-vous bien vous rappeler avec indulgence un petit pêcheur de Provence pour qui vous avez eu des bontés lorsque, il y a déjà bien longtemps, il vous servait de modèle sur les plages de Saint-Tropez, et qui vous demande aujourd’hui, très humblement, une grâce ; non pas pour lui, mais pour un de ses compatriotes que M. le préfet, je le sais, recommandera de son côté au gouvernement… Je n’ose pas espérer que vous vous souviendrez de moi, mais je ne veux pas croire que vous ayez oublié