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Page:Aicard - Maurin des Maures, 1908.djvu/375

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MAURIN DES MAURES

— Si vous avez peur, dit-il à Sandri, que je m’échappe, ôtez-m’en les moyens.

Il tendait ses mains rapprochées. Pastouré, ne comprenant pas, ouvrit de grands yeux mais ne souffla mot, songeant : « Patience, tout s’explique un jour ou l’autre ! »

Maurin dit à Pastouré :

— Garde mon chien.

Et à son chien d’un signe :

— Reste avec Pastouré.

Les gendarmes, d’un air de triomphe, lui lièrent les poignets. Alors, il leur dit :

— Je vois que j’avais bien raison d’éviter votre rencontre !

Et digne et tranquille, les mains derrière le dos, croisées avec nonchalance comme s’il les eût portées ainsi volontairement :

— Maintenant, dit-il sur le ton du commandement, suivez-moi, messieurs les gendarmes !

Et pendant que s’éloignait Maurin, Pastouré, avec de grands gestes, disait tout seul et tout haut, en vaquant dans la cabane à ses préparatifs de départ :

— Qui trouve que les choses vont bien apprend aussitôt qu’elles vont mal ; je disais tout à l’heure : « ils ne le prendront pas », et ils l’ont pris. Parler du malheur fait venir le malheur. Il ne faudrait jamais parler, même tout seul. Trop parler nuit, trop gratter cuit. Si on ne disait jamais rien, elles iraient mieux, les choses. Les bavards toujours nous perdent. La politique n’est qu’un bavardage, puisqu’ils ont une Chambre exprès pour parler, et c’est ce qui fait que tout va mal. Fais tes affaires en silence. Ne parle pas du loup, que tu en