Aller au contenu

Page:Aicard - Maurin des Maures, 1908.djvu/433

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
415
MAURIN DES MAURES

pas un ennemi de la République, j’espère ? Voulez-vous donc la faire tomber sous le grotesque ?…

— Je veux une république honnête, dit le professeur d’un air stupide.

Le préfet réfléchit un moment en silence, puis sa physionomie s’éclaira d’un sourire d’intelligence suprême et de haute bienveillance.

— Je vous comprends enfin, monsieur, dit-il ; aux quatre mille francs du prix, nous joindrons les palmes académiques.

Théodule se mit à rire. Son oncle, irrité, haussa les épaules. Théodule, se ressaisissant, prononça d’un air dédaigneux :

— Les palmes ! les palmes ! heu ! heu !

— Cela ne suffit pas ? poursuivit le préfet. Eh bien, soit, messieurs, vous avez raison… et plus d’esprit que je ne pensais. Ne dénoncez pas notre erreur. Ces canards sont du Labrador, puisque nous, comité de l’exposition, nous nous y sommes trompés… Soyez discrets et je vous promets que nous obtiendrons la croix… Chevalier de la Légion d’honneur, hein ?… c’est entendu ?

— Monsieur le préfet, dit Théodule avec une sorte de solennité, c’est tout ce que nous désirions… sans oser l’espérer. Merci.

— C’est entendu ! c’est entendu ! confirmait le préfet qui se retira vivement. Entendu, monsieur Théodule d’Auriol, et comptez sur toute ma reconnaissance. Vous me sauvez plus que la vie !

Pierre d’Auriol demeurait là, cloué sur place, plus stupide que jamais, bouche bée.

— Mon oncle, lui dit Théodule… ceci m’ouvre les