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Page:Aicard - Maurin des Maures, 1908.djvu/81

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MAURIN DES MAURES

pleuvra jusqu’au jour, nous pouvons nous dire que nos gaillards resteront dans ce trou, comme des lièvres au gîte. Il faut partir demain avant le jour et garder tous les passages, de ce côté-ci du versant, à Martegasse comme du côté de la route, comme au pas « des Cabanes de Jean de Trans » tout en bas, — et aussi sur le sommet. Les hommes, voyez-vous, ça fait comme les sangliers, ça passe par où il est possible, pas par ailleurs ; et partout où il y a passage, nous mettrons un chasseur « à l’espère ». C’est dit. À demain matin.

Un grand murmure succéda au profond silence avec lequel on avait écouté Maurin. On entendait partout : « De ce Maurin, pas moins ! — Comme il vous raisonne ! — Pas un gendarme « n’y viendrait ! » — Oh ! lui, rien ne l’embarrasse. — Brave, Maurin ! » et mille autres menus éloges.

M. Cigalous choisit une vingtaine de chasseurs parmi lesquels il se compta et il fut convenu que le lendemain, à la pointe du jour, on partirait sous le commandement de Maurin.

— Avertissez les gendarmes, dit Maurin narquois ; peut-être que ça leur fera plaisir d’en être !

Pastouré dit Parlo-Soulet, qui se trouvait présent sans qu’on sût par qui ou comment il avait été prévenu, entendit ce mot et hocha la tête.

Les gendarmes de Bormes avertirent par télégraphe la gendarmerie d’Hyères de ce qui se passait, et — sur l’ordre de son capitaine — Alessandri, époux présomptif d’Antonia Orsini, soigna son cheval afin de partir deux heures avant le jour. Il oubliait les trois repris de justice pour songer à la manière dont il pourrait parvenir à exaspérer Maurin des Maures