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Page:Aimard, Auriac - L’Aigle-Noir des Dacotahs.djvu/90

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l’aigle-noir des dacotahs

cher à un sort horrible, avait pris dans son esprit des proportions chevaleresque. Peut-être quelque souvenir lointain des fraîches amitiés de sa jeunesse s’était réveillé dans son cœur, et le faisait battre ; et, par-dessus tous les autres, un généreux sentiment d’humanité le poussait en avant, eût-il dû traverser le feu, et affronter mille morts pour accomplir ce devoir sacré. Oui, oui, murmura-t-il après une pause, laissons ces pauvres bêtes aller tout doucement. Vous ne pouvez rien demander de plus à des animaux qui ne sont pas nés dans la prairie. Si j’avais prévu cette affaire, il y a un mois, je vous aurais trouvé des chevaux qui n’auraient pas quitté le galop avant d’avoir mis le nez dans l’eau. Tout ceci n’est qu’un jeu pour le mien, pour les vôtres c’est la mort.

On se remit en marche, à petits pas ; le hardi pionnier marchant en tête, et s’arrêtant de temps en temps pour ralentir sa noble et infatigable monture, qui rongeait son frein et ne demandait qu’à dévorer l’espace.

— Bien, bien ! murmurait-il, parlant à son