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Page:Aimard, Auriac - Les Forestiers du Michigan.djvu/140

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les drames du nouveau-monde



chargea soigneusement son rifle, le rejeta derrière son épaule ; puis il se remit en quête, de façon à rejoindre incognito ceux-là mêmes qui le poursuivaient.

— Ah ! si je le connaissais… ! grommela-t-il en pagayant sans bruit ; le fort Presqu’Île serait sauvé.

Bientôt un bruit d’avirons frappa ses oreilles : Basil sourit dans sa barbe :

— Ils n’ont pas su trouver Basil Veghte, se dit-il à lui-même ; ils peuvent marcher longtemps dans cette direction sans l’atteindre. C’est lui qui va les trouver, maintenant : le poursuivi poursuivra.

Effectivement il se lança à la suite de ses mystérieux ennemis, et alors se produisit, comme il le disait, la coïncidence bizarre du gibier courant après les chasseurs.

— J’ai peu vu de choses aussi bizarres, continuait le Forestier en se livrant à une hilarité silencieuse ; sont-ce eux qui sont après moi ; est-ce moi qui suis après eux : l’un cherche-t-il l’autre ou l’autre cherche-t-il l’un ; ou bien nous cherchons-nous les uns les autres… ? Quel mystère ! quel fun ! (quelle farce !)