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Page:Aimard, Auriac - Les Forestiers du Michigan.djvu/169

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les forestiers du michigan

— Vous pouvez avoir votre opinion, je… holà ! hé !

Cette exclamation était arrachée au gros Français par une lame monstrueuse, qui, en déferlant sur la barque, l’avait remplie d’eau jusqu’à hauteur des genoux.

Cet incident faillit le déconcerter ; mais pour ne pas donner l’avantage à son prisonnier sur ce point, il se maitrisa au point de rester impassible : seulement d’une voix sourde, il adressa vivement, à son compagnon, quelques paroles dans un langage que Veghte ne put comprendre.

Le Forestier put deviner, néanmoins, que le Français faisait des reproches au rameur sur sa manière de conduire le canot.

Réellement la position devenait délicate. Pour briser les vagues, ou, tout au moins, lutter contre elles sans trop de désavantage, il fallait leur marcher dessus la proue en avant, c’est-à-dire en tournant le dos au rivage. Mais cette direction n’était nullement celle que le Français voulait prendre. Si, au contraire, soit en louvoyant, soit en longeant la côte, on présentait le flanc aux lames, l’embarcation était perdue.