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Page:Aimard, Auriac - Les Forestiers du Michigan.djvu/72

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les drames du nouveau-monde



sement mystérieux qui met en garde contre l’ennemi, alors même qu’il reste inconnu.

Basil éprouvait cette émotion et revenait toujours à cette idée méfiante, que dans la conduite de Johnson et de l’Indienne il y avait quelque chose de louche.

Il se rappela que, quelques années auparavant, à la première fois qu’il s’était rencontré avec Johnson, les allures de ce dernier avaient été déplaisantes, son amitié suspecte ; puis, sa brusque arrivée auprès du feu, sa manière presque brutale de s’installer, ses discours dédaigneux et ambigus, son inqualifiable négligence à faire des signaux utiles ; tout concourait à soulever contre lui les soupçons les plus légitimes. Or, au désert, quiconque n’est pas ami, est ennemi ! quiconque n’est pas clairement, ouvertement loyal, est un traître !

Basil aurait donné quelque chose de bon pour le voir « au Diable : » la présence de cet homme lui semblait malfaisante.

La pente de ses rêveries amères conduisit tout doucement Basil dans les régions du sommeil ; il y resta pendant plusieurs heures,