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Page:Aimard, Auriac - Les Pieds fourchus.djvu/17

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LES DRAMES DU NOUVEAU-MONDE

Par la porte grande ouverte, la troupe turbulente poussait avec grands efforts une masse énorme, statue de neige glissant sur ses pieds comme sur des traîneaux. Le colosse effleura en passant les lunettes de la grand’mère ; donna un soufflet sur la joue de la jeune femme occupée à garnir de pommes une large étagère, et vint s’abattre tête première sur le jeune homme qui, depuis une heure, s’exténuait à dessiner aux méchantes clartés d’une branche fumeuse de pin. La maison trembla sous cette chute, de la cave au grenier ; l’ardoise, chargée de scientifiques hiéroglyphes, tomba par terre et se brisa malgré son cadre aux coins argentés ; le livre vola dans les cendres ; un nuage de vapeur et de neige obscurcit l’air : le fragile chef-d’œuvre venait de se briser en mille morceaux.

La jeune femme recula en poussant un faible cri, le jeune homme ne dit rien, ne fit même pas un geste d’impatience ; il se contenta de regarder avec un triste sourire les débris lamentables de sa pauvre vieille ardoise ; il se hâta de ramasser trois ou quatre feuillets, qui, échappés de son livre, volaient vers le feu. Néanmoins un éclair fugitif s’était allumé dans ses yeux, mais il avait