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Page:Aimard, Auriac - Les Pieds fourchus.djvu/172

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LES PIEDS FOURCHUS

— Assez, mon garçon, assez ! les Penobscots sont sur nos traces, nous n’avons qu’à faire bon guet jour et nuit, et à ne dormir que d’un œil.

— Oui, Père ; mais qu’y a-t-il donc entre nous et cet indiens ?

En deux mots le vieillard lui raconta comment Ned Frazier avait ooupé la corde du piége à moose.

Luther frissonna et se sentit inquiet.

Le repas était prêt. Ils attendirent d’heure en heure l’arrivée de quelqu’un de leurs compagnons, sans voir personne. À la fin, voyant le soleil couché, ils ne purent résister à la tentation de mordre à belles dents dans ces succulentes et juteuses grillades.

Le père avait mis à part le fameux filet cru, délices des vieux chasseurs, il l’expédia en se léchant les lèvres ; vainement il essaya d’en faire manger à Luther, le jeune novice n’était pas encore à la hauteur de son père : il préféra les viandes rôties, et joua vaillamment des mâchoires.

Le vieillard s’efforça encore de décider Luther à manger des tartines de moelle, le beurre de moose, délicatement étendue sur du pain de