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Page:Aimard, Auriac - Les Pieds fourchus.djvu/179

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LES DRAMES DU NOUVEAU-MONDE

placés à divers postes cachés, avec ordre de ne se montrer que lorsqu’ils seraient appelés : Burleigh, ensuite, poussa courageusement en avant, suivi tout doucement par le Brigadier.

Après une rude et pénible ascension ils parvinrent à un fourré épais : Burleigh, pour faire moins de bruit, quitta ses raquettes et ne garda que des moccassins ; le Brigadier, chaussé de gros brodequins de vache, marcha sur ses traces. Tous deux firent un long circuit pour prendre le dessous du vent, et arrivèrent au cœur de la place en rampant comme des chats. L’examen des lieux, quoiqu’il fît obscur au point de ne pas distinguer une main de l’autre, leur causa une grande satisfaction : la neige était foulée sur un large espace, comme l’aire d’une grange ; l’écorce des arbres n’était rongée qu’en partie, et seulement jusqu’à la surface de la glace ; les menues branches et les broussailles étaient encore abondantes ; tout annonçait le refuge de plusieurs familles de mooses, et on pouvait espérer qu’elles y reviendraient se gîter pendant la nuit.

— Iry ! mon garçon ! que dis-tu de çà ? murmura le Brigadier en redressant sa grande taille et en se frottant joyeusement les mains ; ils revien-