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Page:Aimard, Auriac - Les Pieds fourchus.djvu/9

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LES DRAMES DU NOUVEAU-MONDE

dans les cours, dans les greniers à foin, dans les magasins de paille ; les couvertures des chevaux servaient de tente ; il y en avait qui couchaient sous le manteau de la vaste cheminée.

Souvent des personnages qu’il n’avait jamais vus, qu’il ne devait jamais revoir, venaient gravement s’attabler chez lui, comme usant d’un droit indiscutable, et disparaissaient sans dire merci. Le vieux bonhomme, quoique né quaker, était connu pour le méthodiste le plus hospitalier de la contrée ; de plus, il était un peu magistrat, ses portes étaient toujours ouvertes même pour le vagabond le plus délabré.

Tout ce monde là allait et venait, non-seulement sans lâcher un mot de ses affaires, mais encore sans se laisser voir pour ainsi dire, et ordinairement sans faire connaître son nom. On pouvait y reconnaître des « friends, » se rendant au « meeting » le plus proche, ou à quelque marché ; des « méthodistes, » prêcheurs en plein air ; des étrangers qui avaient entendu parler du sire Jérémiah, et qui venaient vérifier de leurs propres yeux, le point intéressant de savoir si tout était gigantesque comme on le disait, l’hôte et l’hôtellerie.