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Page:Aimard - La Grande flibuste, 1862.djvu/97

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Peu à peu les bruits de la ville s’étaient éteints les uns après les autres, tout dormait ou semblait dormir ; la maison de don Sylva était plongée dans une obscurité complète ; seule, une faible lueur brillait comme une étoile au travers des vitres de la fenêtre de la jeune fille, et montrait que là du moins on veillait.

En ce moment, deux ombres se dessinèrent timides et craintives sur le mur de la rue opposée à la maison de l’haciendero ; deux hommes, enveloppés de longs manteaux, s’arrêtèrent et examinèrent la fenêtre faiblement éclairée, avec cette attention qui n’appartient qu’aux voleurs et aux amoureux.

Les deux hommes dont nous parlons appartenaient incontestablement à cette deuxième catégorie d’individus.

— Hum ! fit le premier d’une voix brève et contenue, ainsi, tu es certain de ce que tu avances, Cucharès ?

— Comme de mon salut éternel, señor don Martial, répondit le drôle sur le même ton ; l’Anglais maudit est entré dans la maison pendant que je m’y trouvais ! don Sylva paraissait être au mieux avec cet hérétique endiablé.

Nous ferons observer en passant que pour les Mexicains, il y a quelques années, et peut-être en est-il encore ainsi, tous les étrangers étaient Anglais, n’importe à quelle nation ils appartinssent, et par conséquent hérétiques ; ils se trouvaient ainsi tout naturellement faire partie, sans s’en douter, des hommes que ce n’est pas un crime de tuer, et dont, au contraire, l’assassinat était presque considéré comme une action méritoire.

Nous devons ajouter, à la louange des Mexi-