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Page:Aimard - Le forestier.djvu/182

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Le Forestier, par Gustave Aimard

— Et passablement à la côte, entre parenthèses, dit Pitrians en riant ils meurent à peu près de faim, et, le cas échéant, se battront comme des démons.

— J’allais ajouter cela, reprit Montbarts ; aujourd’hui des bans d’enraiement sont, par mes ordres, publiés dans tous les ports et toutes les localités de la Côte, aujourd’hui même les engagements commenceront, nous aurons plus de matelots qu’il ne nous en faudra.

— Oh ! quant à cela…

— Vous verrez, monsieur, nous serons contraints de faire un choix parmi eux. Nous disons donc soixante-cinq navires d’une part, sept de l’autre, total soixante-douze, qui, à quatre-vingt-dix hommes en moyenne par équipage, ce qui, cette fois encore, est au-dessous du chiffre réel, nous donne six mille quatre cent quatre-vingts matelots ; mettons sept mille, chiure rond, compris les équipages du bâtiment de Vent-en-Panne et de celui de Laurent, que nous n’avons pas comptés.

— Soit, nous disons sept mille hommes, ce qui est un chiffre magnifique, mais…

— Je vais au-devant de votre objection, monsieur ; sur ces sept mille hommes, la moitié seule pourra être débarquée, les autres étant contraints de demeurer à bord pour garder les navires.

— C’est cela ; vous avez d’abord vous emparer du port, où vous prendrez terre, afin de vous assurer un bon mouillage et une retraite en cas d’échec, et même après le succès ensuite vous avez vingt lieues à faire à travers terre, dans un pays inconnu, où chaque pas sera un combat combien calculez-vous que vous serez en arrivant devant la place que vous voulez enlever ?

— Deux mille cinq cents, monsieur ; je porte la perte en hommes tués, malades ou laissés en arrière, à mille hommes, cela vous semble-t-il suffisant ?

— Je crois le chiffre exagéré, mais quelques centaines de plus ou de moins ne signifient pas grand’chose. Avez-vous des renseignements sur cette ville

— Aucun, je t’avoue, mais Laurent m’en donnera.

— Je vais d’abord vous en donner, moi.

— Vous en avez donc ?

— De très exacts que j’ai fait prendre à votre intention.

— Que de remerciements !

— Allons donc ! j’ai voulu vous être utile a vous et à vos compagnons, voilà tout.

— J’écoute, monsieur, ou plutôt nous écoutons.

— Commençons par Chagrés.