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Page:Aimard - Le forestier.djvu/9

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Le Forestier

achevée, ainsi qu’un grand hangar, une écurie pour trois chevaux, une étable et un cellier.

Le jardin ou huerta était enclos, dessiné, planté d’arbres fruitiers amenés de Tolède en plusieurs voyages, et garni de fleurs. Les champs défrichés étaient ensemencés ; deux vaches et une chèvre placées dans l’étable, deux chevaux à l’écurie, et plusieurs chiens de chasse et de garde attachés dans des niches, auprès d’une basse-cour remplie de poules et de canards.

Les meubles seuls manquaient, mais ils arrivèrent, aussitôt la maison construite, ainsi que du linge et de la vaisselle.

Ces meubles étaient simples, mais solides et capables de faire un long usage.

Lorsque tout fut terminé à sa satisfaction, l’étranger, qu’on appelait No Santiago Lopez, rassembla les ouvriers, les félicita sur la façon dont ils avaient accompli leur besogne, leur paya ce qu’il leur devait et les congédia en leur donnant une gratification considérable ; ce qui fit que ceux-ci se retirèrent non seulement satisfaits, mais encore en le comblant de bénédictions.

No Santiago dit alors quelques mots à l’arriero mayor, dans une langue que personne ne comprit, mais que celui-ci déclara plus tard être la langue basque ; les arrieros se retirèrent à leur tour et l’étranger demeura seul.

Alors il s’occupa à reconnaître son domaine, et à faire de longues courses dans les environs de sa demeure ; au bout de quinze jours il connaissait la montagne à dix lieues à la ronde, comme s’il l’avait habitée toute sa vie.

Ces quinze jours écoulés, un matin, au lieu de recommencer une de ses interminables promenades habituelles, No Santiago jeta son fusil sur son épaule, siffla ses chiens et se dirigea à grands pas vers l’entrée de la vallée.

À peine atteignait-il la gorge étroite qui débouchait sur le sentier conduisant dans la plaine en serpentant sur les flancs de la montagne, qu’il entendit le refrain d’une chanson basque chantée à pleine voix et scandée par le bruit argentin des grelots des mules.

Bientôt l’arriero qu’il avait congédié quinze jours auparavant, en lui confiant sans doute une mission de confiance, apparut au détour du sentier.

Il conduisait quatre mules chargées de bagages ; derrière ces mules quatre personnes marchaient au petit pas.

La première était une jeune femme de dix-huit à dix-neuf ans, d’une beauté remarquable, mais pâle, frêle et d’une physionomie triste et maladive.

Les trois autres, deux hommes jeunes, grands et vigoureux, et une femme de vingt-deux à vingt-trois ans, assez jolie et très fraîche, étaient des serviteurs ; l’un des deux hommes, nommé Pedro, était le mari de cette femme ;