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Page:Aimard - Les Francs-tireurs, 1866.djvu/171

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LES FRANCS TIREURS.

que le père retourne au campement des guerriers apaches.

— Pour cela non, chef, répondit résolument le moine, je préfère m’en aller avec les hommes de ma couleur.

Le Renard-Bleu réfléchit un instant, puis il répondit pendant qu’un sourire ironique pinçait ses lèvres railleuses :

— Bon, mon père a raison, qu’il me suive donc.

— Il est évident, pensa intérieurement le moine, que ce païen maudit machine quelque trahison, mais je le surveillerai, et au moindre mouvement suspect, je lui fais sauter le crâne comme à un chien qu’il est.

Mais il garda pour lui ces réflexions et suivit le chef d’un air dégagé et complètement indifférent.

Aux rayons blafards de la lune qui permettaient de distinguer les objets à une assez longue distance, ils aperçurent bientôt à l’extrême limite du couvert la sombre silhouette d’un homme appuyé sur un rifle.

— Ah ! dit le chef, il faut nous faire reconnaître.

— Que cela ne vous inquiète pas, je me charge d’avertir le chasseur quand il en sera temps.

— Bon, murmura l’Indien.

Ils continuèrent à s’avancer.

Le Renard-Bleu, bien qu’il eût confiance en son compagnon, ne marchait cependant qu’avec précaution et une extrême prudence, sondant de l’œil les buissons et jusqu’aux moindres touffes d’herbe afin de s’assurer qu’elles ne servaient d’abri à aucun ennemi.

Mais la plaine, à part l’homme qu’ils apercevaient