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Page:Aimard - Les Francs-tireurs, 1866.djvu/208

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LES FRANCS TIREURS

souciance caractéristique des Américains, car avec d’autres sentinelles que celles au milieu desquelles ils avaient glissé invisibles comme des spectres, les aventuriers auraient infailliblement été pris.

Dix minutes après leur rencontre avec don Félix, rencontre qui avait failli leur devenir si fatale, les chasseurs atteignirent les barrières.

Au nom de Tranquille le passage leur fut aussitôt ouvert.

Ils étaient enfin en sûreté dans l’hacienda.

Il était temps qu’ils arrivassent : quelques pas de plus, Carméla et sa compagne restaient en route. Malgré tout leur courage et toute leur volonté, les jeunes filles ne pouvaient plus se soutenir, leurs forces étaient épuisées ; aussi, dès que le danger fut passé et que la surexcitation nerveuse qui seule les soutenait leur manqua, elles tombèrent sans connaissance.

Tranquille enleva Carméla dans ses bras et la transporta dans l’intérieur de l’hacienda, tandis que le Cerf-Noir qui, malgré son apparente insensibilité, adorait sa femme, s’empressait auprès d’elle afin de lui prêter secours.

L’arrivée imprévue de Tranquille causa une joie générale parmi les habitants de l’hacienda, qui tous avaient une profonde amitié pour cet homme dont en maintes circonstances ils avaient été à même d’apprécier le beau caractère.

Le chasseur était encore occupé près de sa fille qui commençait à peine à reprendre connaissance, lorsque don Félix Paz, de retour de sa ronde, entra dans le cuarto, chargé par le colonel de prier le Canadien de se rendre immédiatement auprès de lui.