Aller au contenu

Page:Aimard - Les Francs-tireurs, 1866.djvu/232

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
224
LES FRANCS TIREURS

— Et vous vous fiez à lui ?

— Entièrement.

L’Américain hocha la tête.

— Est-ce lui qui vous a révélé l’existence de la porte par laquelle nous devons entrer ?

— Oui.

— Prenez garde.

À son tour, le Jaguar haussa les épaules.

— Vous êtes fou, dit-il.

— Hum ! c’est possible, reprit John, mais c’est égal, je le surveillerai.

— À votre aise.

— Voyons, venez.

L’Américain le suivit en jetant sur le vieillard un dernier regard de soupçon.

Celui-ci n’avait paru nullement s’occuper de cet aparté ; indifférent en apparence à ce qui se passait autour de lui, il attendait, tranquillement appuyé sur son rifle, qu’il plût au Jaguar de donner l’ordre de départ.

Enfin le mot marche ! circula de rangs en rangs et la colonne s’ébranla.

Ces hommes, habitués pour la plupart aux longues courses du désert, posaient si légèrement les pieds sur le sol qu’ils semblaient glisser comme des fantômes, tant leur marche était silencieuse.

En ce moment, comme si le ciel eût voulu se mettre de la partie, un immense nuage noir s’étendit sur la voûte céleste et intercepta les rayons de la lune, substituant presque sans transition une obscurité profonde à la clarté qui régnait auparavant, et la colonne disparut dans les ténèbres.

À quelques pas en avant du gros de la troupe,