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Page:Aimard - Les Francs-tireurs, 1866.djvu/257

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LES FRANCS TIREURS.

vibrer sur le timbre que les assistants comme d’un commun accord jetèrent leurs cigares et se levèrent avec une vivacité que certes on était loin d’attendre de la précédente nonchalance de leur pose.

Au même instant une porte dérobée s’ouvrit dans la muraille et un homme parut sur le seuil.

Cet homme avait la taille haute, élégante et dégagée ; il paraissait jeune. Un demi-masque de velours noir cachait la partie supérieure de son visage ; quant à son costume, il était absolument semblable à celui des individus réunis dans le salon ; seulement, une paire de longs pistolets et un poignard étaient passés dans une ceinture de crêpe de Chine rouge qui lui serrait étroitement la taille.

À l’apparition de l’inconnu, il y eut un frémissement qui, comme un courant électrique, parcourut les rangs de l’assemblée.

L’homme masqué, la tête haute, les bras croisés sur la poitrine, le corps fièrement rejeté en arrière, promena sur les assistants un regard dont on voyait les clairs rayons jaillir à travers les trous de son loup de velours.

— Bien, dit-il enfin d’une voix sonore, vous êtes fidèles au rendez-vous, caballeros ; nul de vous ne s’est fait attendre. Voilà, depuis un mois, la huitième fois que je vous convoque, et toujours je vous ai vu aussi prompts et aussi fidèles ; merci au nom de la patrie, caballeros.

Les assistants s’inclinèrent silencieusement.

L’inconnu reprit, après une légère pause :

— Le temps nous presse, caballeros ; la situation se fait d’instant en instant plus grave ; aujourd’hui, ce n’est plus un coup de main hasardeux qu’il nous