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Page:Aimard - Les Francs-tireurs, 1866.djvu/302

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LES FRANCS TIREURS

je vous en prie, ne nous laissez pas trop longtemps à la porte de cette odieuse maison.

— Soyez tranquille, je ne ferai qu’entrer et sortir.

Puis, après avoir recommandé une dernière fois aux deux officiers d’être prudents, il poussa la porte de la pulqueria qui céda immédiatement et il entra.

Dans le coin le plus obscur de cette salle, presque complètement cachés par les épais nuages de fumée qui tourbillonnaient et se condensaient au-dessus de la tête des joueurs, deux hommes enveloppés dans les larges plis de leurs zarapés de fabriques indiennes, les ailes du chapeau rabaissées sur les yeux, précautions bien inutiles dans les ténèbres, où ils étaient relégués, appuyés sur leurs longs rifles dont la crosse reposait sur le sol en terre battue de la salle, causaient bouche à oreille, en jetant par intervalles des regards inquiets sur les leperos groupés à quelques pas d’eux.

Les joueurs, tout à leur partie, ne songeaient nullement à surveiller les inconnus qui, cependant, par leur tournure martiale, la propreté et la finesse de leurs vêtements, faisaient tache au milieu d’eux et ne devaient évidemment pas appartenir à la compagnie qui, ordinairement, se réunissait dans ce rancho ; c’était donc en pure perte que les inconnus prenaient des précautions pour échapper à leurs regards inquisiteurs, en supposant que tel fût le but des étrangers.

Onze heures sonnèrent au cabildo ; au même instant une ombre se dessina dans l’encadrement de la porte et un homme parut sur le seuil.

Cet individu s’arrêta, jeta un regard perçant dans la salle, puis, après une légère hésitation causée