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Page:Aimard - Les Francs-tireurs, 1866.djvu/330

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LES FRANCS TIREURS

sonnages se furent assis dans la chambre de l’arrière et que Ramirez eut pris en main la barre du gouvernail, la chaloupe déborda et mit le cap sur une petite crique située un peu en dehors de la rade.

La brise, qui pendant toute la nuit avait été assez faible, s’était levée peu à peu ; la chaloupe gagna facilement le large, orienta ses voiles et bientôt elle donna dans le goulet de la crique.

La corvette la Libertad se balançait doucement sur ses ancres.

Cependant il était facile à un marin de reconnaître que ce navire si calme en apparence était cependant paré à appareiller au premier signal. Les voiles, bien que serrées, étaient sur les fils de carret, et l’ancre virée à long pic n’avait besoin que d’un tour de cabestan pour être dérapée.

Postée sournoisement dans cette crique comme un oiseau de proie dans le creux d’un rocher, la corvette pouvait instantanément livrer ses larges voiles à la brise et fondre sur les navires suspects signalés par la vigie.

Sans prononcer une parole, nos personnages échangèrent entre eux un regard significatif : ils s’étaient compris.

À peine la chaloupe arriva-t-elle à portée de voix qu’une sentinelle placée dans les passe-avant de tribord la héla en espagnol.

Ramirez répondit, et appuyant sur la barre, il lit décrire une courbe gracieuse à l’embarcation et vint l’accoster à l’échelle de tribord.

L’officier de quart se tenait à la coupée pour recevoir les visiteurs.