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Page:Aimard - Les Francs-tireurs, 1866.djvu/83

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— C’est vrai.

Le général fit quelques pas dans la tente en proie à la plus vive agitation.

— Et vos soldats, caballero, reprit-il au bout d’un instant, en s’arrêtant en face de l’officier, ils ont lâchement fui, sans doute, au premier coup de feu ?

— Mes soldats sont morts, général.

— Hein ! que dites-vous ?

— Je dis, général, que mes soldats se sont fait tuer jusqu’au dernier pour défendre le dépôt confié à leur honneur.

— Hum ! hum ! répondit le général, ils sont morts, tous ?

— Oui, général, tous sont couchés dans une tombe sanglante ; je suis le seul survivant de cinquante hommes braves et dévoués.

Il y eut un second silence. Le général connaissait trop bien le capitaine pour douter de son courage et de sa loyauté ; il commençait à soupçonner un mystère.

— Mais je vous avais envoyé un guide, dit-il enfin.

— Oui, général : c’est ce guide qui nous a fait tomber dans le piége tendu sous nos pas par les insurgés.

— Mille diables ! si le misérable…

— Il est mort, interrompit le capitaine, je l’ai tué.

— Bien ; mais il y a dans toute cette affaire quelque chose qui m’échappe.

— Général, s’écria le jeune homme en s’animant, bien que la conducta soit perdue, le combat a été