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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/108

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Il monta Bajazet, à qui ces deux heures de repos avaient rendu toute sa vigueur, lui attacha la précieuse valise derrière la selle, et lâchant la bride, il prit, d’un pas relevé et qui devait le conduire rapidement chez lui, le chemin de Saint-Jean-de-Luz.

La gentille Clairette avait écouté sans mot dire, mais avec un certain émoi, la longue conversation de sa maîtresse avec le docteur ; les événements auxquels il avait été fait allusion, et qu’elle ignorait, avaient vivement excité sa curiosité ; la marquise comprit qu’elle devait lui faire une confidence entière, et lui prouver ainsi qu’elle comptait entièrement sur son dévouement.

Cette confiance de sa sœur de lait toucha vivement la jeune fille et épanouit son cœur. Désormais, la marquise pouvait tout attendre d’elle.

Le lendemain, à midi précis, ainsi que l’hôtelier l’avait promis, la berline était attelée et le postillon en selle. Les bagages furent chargés, les comptes réglés, les deux voyageurs montèrent en voiture. Le postillon fit claquer joyeusement son fouet, et la berline emporta rapidement la marquise et sa gentille camériste sur la route de Touraine.

La marquise était pressée ; elle payait triple guides. La voiture semblait voler sur la route, enlevée comme par un tourbillon, au milieu d’un nuage de poussière.


VII

COMMENT IL FUT PROUVÉ QUE LE MARQUIS DE GARMANDIA
AVAIT TUÉ SA FEMME, ET POURQUOI IL NE FUT PAS ARRÊTÉ.


Cependant à l’heure précise où le jeune hidalgo, don Luis Paredès de Ochoa, venant de Madrid et arrivé la veille pendant la nuit à Bayonne, quittait en chaise de poste l’hôtel de Paris et s’élançait à toute bride sur la route de