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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/169

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les plus affreuses tortures morales, et triompher de tous les misérables et odieux obstacles que la fatalité accumule sans cesse sous les pas des cœurs d’élite.

Heureux cent fois ceux qui sont ainsi éprouvés, car ils deviennent forts entre les forts !

Ils comprennent que le bonheur doit s’acheter par la souffrance, et jamais ils ne se laissent abattre, si désespérée que soit en apparence la situation à laquelle ils sont momentanément réduits.

Le coup avait été rudement asséné.

Julian en avait été étourdi tout d’abord ; tant de calamités accumulées en si peu d’instants avaient rompu l’équilibre ; son cerveau avait reçu une terrible atteinte.

Pendant un moment, sa raison avait chancelé ; mais maintenant le coup était porté, les larmes étaient venues, dernier tribut payé à la faiblesse de la nature humaine.

La réflexion venait, et, avec la réflexion, la réaction s’opérait, l’âme se redressait, reprenait sa vigueur et se préparait à la lutte, prête à la soutenir fièrement, d’où qu’elle vînt.

En un mot, un changement complet s’était opéré dans toute la personne de Julian.

Deux heures auparavant, il était encore un enfant, ayant toutes les faiblesses et toutes les mièvreries de son âge.

Maintenant la douleur l’avait frappé brutalement du bout de son aile froide et sinistre : il était devenu un homme sous ce coup de fouet terrible qui lui avait révélé toute l’énergique volonté et la force de résistance de son caractère, qualités que lui-même ignorait posséder, n’ayant eu jusqu’alors aucune occasion de les montrer.

Devenu plus calme, le jeune homme fit ses préparatifs de départ et attendit sans impatience apparente le retour de son père.

L’absence du docteur dura près de deux heures.

Enfin il rentra.

Sa physionomie avait une expression singulière ; bien