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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/171

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« Je ne vous ai jamais aimé, je ne vous aime pas, je ne vous aimerai jamais ; je suis la fiancée de Julian d’Hérigoyen. Mes parents consentent à mon mariage, qui doit avoir lieu prochainement ; tout ce que vous me dites est inutile : je serai à celui que j’aime ou à la tombe ! »

— Pauvre chère Denisà ! s’écria le jeune homme.

— Alors, le misérable changea brusquement de ton ; la prière ne réussissant pas, il eut recours aux menaces ; je ne te répéterai pas tout ce qu’il a dit, ce serait trop long ; sache seulement que, lorsque les parents de Denisà arrivèrent, Felitz Oyandi, en proie à une rage folle, avait brutalement saisi la jeune fille, qui se débattait dans ses bras avec une énergie désespérée, en criant et appelant : au secours ! tandis que Felitz essayait d’étouffer sa voix, en répétant d’une voix sourde et menaçante : « Tu seras à moi ! je le veux ! tu seras à moi ! »

— Oh ! l’infâme ! s’écria Julian, les traits bouleversés par l’indignation et frissonnant de tous ses membres.

— En voyant entrer le père et la mère de celle qu’il voulait contraindre à lui céder, Felitz Oyandi, épouvanté peut-être de l’action qu’il commettait, laissa échapper la jeune fille, qui alla tomber à demi évanouie dans les bras de sa mère. M. Mendiri, malgré son âge, est encore très vigoureux. Il reprocha vertement à Felitz sa conduite odieuse ; il le menaça d’ameuter contre lui tous les habitants du village et lui intima l’ordre de sortir, en lui défendant de repasser jamais le seuil de sa porte ; et, comme le misérable ricanait et refusait de sortir, comptant peut-être sur sa force, M. Mendiri, cédant à son indignation, le saisit à l’improviste sans lui donner le temps de se reconnaître, et le jeta littéralement dans la rue, où le misérable roula dans le ruisseau dont sa chute brisa la glace. Il se releva tout froissé, et, comme il voyait plusieurs personnes s’approcher et qu’il est aussi lâche que traître et infâme, il prit enfin la fuite, mais non sans proférer les plus effroyables menaces contre l’enfant qu’il venait d’insulter si odieusement et contre sa famille, qui l’avait sauvée de ses violences.